Faïence fine

Faïences fines dans CERAMICA CH

La faïence fine a été développée dans le Staffordshire et le Yorkshire (Angleterre) au milieu du 18ème siècle à partir de grès blancs glaçurés au sel. Dès le milieu du 18ème siècle, elle est également de plus en plus produite en France, en Allemagne et en Suisse. Elle présente généralement une masse d’une couleur à peine crème, légèrement jaunâtre ou presque blanche, à grain très fin, non frittée, dont le tesson, distinctement léger, présente un revêtement glaçuré à la finition aisément reconnaissable, qui, relativement souvent en ce qui concerne les trouvailles archéologiques, est significativement craquelé. En ce qui concerne la technologie céramique, il s’agit d’une terre cuite poreuse, glaçurée au plomb, composée d’argile à cuisson blanche, de kaolin et de SiO2 (quartz, souvent du silex broyé) ; ce dernier additionné éventuellement de parts de chaux ou de feldspath ou remplacé par un mélange de ces trois composants. Il existe d’innombrables variations dans la composition de la masse céramique, en fonction de l’époque et du lieu de production. La masse céramique de la faïence fine peut être pressée ou coulée dans des moules en plâtre et convient donc à la production industrielle de masse, contrairement aux argiles des céramiques en terres cuites façonnées sur le tour.

En général, les objets en faïence fine subissent une première cuisson, dite de biscuit. Le décor est ensuite imprimé par transfert ou à l’aide d’un pochoir ou encore à l’éponge, puis la pièce est recouverte d’une glaçure au plomb. Une deuxième cuisson, dite de vitrification, est ensuite effectuée à une température d’environ 1000º C. Lors d’une troisième étape, on peut appliquer des couleurs sur la glaçure ou des émaux à lustre métallique et ensuite les fixer par une cuisson à feu de réverbère (environ 800º C).

Au vu de sa couleur et de la structure de la masse céramique, la faïence fine, « Steingut » en allemand, est également appelée à juste titre dans cette langue « weisse Irdenware ». Il en va de même en anglais : « white earthenware » ou « white-bodied industrial earthenware » (terre cuite blanche ou poterie industrielle blanche). En raison de leur production industrielle, toutes les variétés de faïence fine sont également classées comme « céramiques industrielles » (Bartels 1999, 250-259 ; Stellingwerf 2019, 42-51). Grâce à l’ajout de cobalt à la masse corporelle en Angleterre au début du 19ème siècle, leur « creamware » jaunâtre ou de couleur crème s’est mué en « whiteware » blanc.

Une étape intermédiaire a été le développement du « China glaze » (Staffordshire, vers 1775) ou du « pearl-white » (Josiah Wedgwood, vers 1779). Il s’agissait d’ajouter une petite quantité de cobalt à la fois à la glaçure et à la masse céramique, ce qui avait tendance à faire paraître la faïence fine plus « blanche » et moins crémeuse, la rendant plus semblable à la porcelaine. Cette faïence fine est aujourd’hui désignée globalement par le terme de « pearlware », un terme qui n’existait pas à l’époque.  Cependant, contrairement au « creamware », le « pearlware » porte le plus souvent un décor par impression ou est décoré ou orné d’une manière ou d’une autre.

Les fabricants de faïence fine, surtout en Angleterre, ont également développé d’autres masses de faïence fine colorées (noir, rouge, jaune, bleu et vert, violet), le plus souvent non glaçurées (« dry-bodied »). Leur classification technologique sous le nom de groupe « faïence fine » n’est pas incontestée. Dans la littérature, on trouve également des références au « grès fin » (en allemand « Feinsteinzeug »). Dans la zone linguistique anglo-américaine, on les appelle aussi des « dry body stoneware », littéralement des « grès secs » (Edwards/Hampson 1998).

En France, le développement de la faïence fine ou, en termes de cette époque, de « terre façon anglaise » ou de « terre de pipe » ou encore de « terre d’Angleterre » ou de « cailloutage » commence également au début des années 1740.  Les termes « terre de pipe » (vers 1743-1790), « cailloutage » (vers 1790-1830) puis « porcelaine opaque » ou « demi-porcelaine » (après 1830) ont progressivement été abandonnés. Ils ne sont actuellement plus utilisés. Il est à noter qu’en France, des « terres de pipe », c’est-à-dire des tessons blancs de type « faïence fine », peuvent avoir aussi bien une glaçure de faïence qu’une simple glaçure au plomb. En allemand, selon l’usage, on attribuerait les premières au groupe des « faïences » et les deuxièmes à celui des « faïences fines ».

Au 19ème siècle, l’industrie céramique a développé d’autres variantes de faïence fine, beaucoup plus blanches et plus résistantes aux chocs. Leur masse céramique contenait des pourcentages plus élevés de feldspath et de kaolin. Ces nouveaux mélanges ont reçu des noms différents, tels que « porcelaine opaque », « granit » ou « ironstone (pierre de fer) ». Elles étaient cuites à des températures entre 1180 et 1300º C. La cuisson de la glaçure se faisait entre 1050 et 1080º C.

Termes voisins :  terre façon anglaise, terre de pipe, terre d’Angleterre, cailloutage, porcelaine opaque, demi-porcelaine, céramique industrielle

Allemand : Steingut

Anglais :  Creamware, pearlware, whiteware, queen’s ware, English industrial ceramics

Aperçu de la datation des « industrial wares » : Stellingwerf 2019, annexe I, avec l’autorisation amicale de l’auteur.

Bibliographie :

Barker 2007
David Barker, Creamware in Context, in: Tom Walford/Roger Massey, Creamware and Pearlware Re-examined, Beckenham 2007, 31-42.

Bartels 1999
Michiel Bartels, Steden in Scherven, Zwolle 1999, bes. 250-259.

Blondel 2001
Nicole Blondel, Céramique, vocabulaire technique, Paris 2014, 75.

Edwards/Hampson 1998
Diana Edwards/Rodney Hampson, English dry-bodied stoneware: Wedgwood and contemporary manufacturers 1774 to 1830, Woodbridge Suffolk 1998.

Kybalová 1990
Jana Kybalová, Steingut, Prag 1990.

Maggetti/Rosen/Serneels 2011
Marino Maggetti/Jean Rosen/Vincent Serneels, White earthenware from Lorraine (1755- c. 1820): Provenance and Technique, in: Archaeometry 53, 2011, 765-790.

Maggetti/Heege/Serneels 2015
Marino Maggetti/Andreas Heege/Vincent Serneels, Technological Aspects of early 19th c. English and French white earthenware assemblage from Bern (Switzerland), in: Periodico di Mineralogia, 84, 2015, Heft 1 (Special issue: EMAC 2013, Inside the pottery: composition, technology, sources, provenance and use), 139-168.

Maggetti 2018
Marino Maggetti, Archaeometric Analyses of European 18th-20th Century White Earthenware – A Review, in: Minerals, 2018, Heft 8.

Maire 2008
Christian Maire, Histoire de la faïence fine française 1743-1843, Le Mans 2008, 11-36.

Majewski/O´Brien 1987
Teresita Majewski/Michael O´Brien, The use and misuse of nineteenth-century english and american ceramics in archaeological analysis, in: Michael B. Schiffer, Advances in Archaeological Method and Theory, Bd. 11, 1987, 97-209.

Massey 2007
Roger Massey, Understanding Creamware, in: Tom Walford/Roger Massey, Creamware and Pearlware Re-examined, Beckenham 2007, 15-30.

Roberts 2007
Gaye Blake Roberts, Early Wedgwood Creamware 1759-1769, in: Tom Walford/Roger Massey, Creamware and Pearlware Re-examined, Beckenham 2007, 51-64.

Stellingwerf 2019
Wytze Stellingwerf, The Patriot behind the pot. A historical and archaeological study of ceramics, glassware and politics in the Dutch household of the Revolutionary Era: 1780-1815, Zwolle 2019, bes.  42-51, 202