Bienne, canton de Berne, potiers Laubscher

Andreas Heege,  Alfred Spycher, Jonathan Frey,  2025

Jusqu’à présent, il n’existait pas de recherches approfondies sur les potiers de la ville de Bienne. Le dictionnaire historique de la ville de Bienne mentionne les noms des potiers suivants: Bitto, Laubscher, Schaltenbrand, Schöni, Wannemacher et Witz (voir Bourquin/Bourquin 1999, mot-clé Hafner/potiers).

Au début des temps modernes, les potiers faisaient partie de la « Guilde de la forêt ». Un règlement de corporation datant de 1743 est étonnamment parvenu jusqu’à nous (Schwab 1921, 18-20 ; également Boschetti-Maradi 2006, 186-187).

En relation avec le constructeur de poêles bernois Wilhelm Emanuel Dittlinger (1718-1799), un arbre généalogique de la famille des potiers biennois Laubscher, étroitement liée aux Dittlinger par deux mariages, a maintenant pu être établi. Il peut être consulté ici :

Arbre généalogique des Hafner Laubscher, Bienne (PDF)

Laubscher Bienne_arbre généalogique (tableau Excel)
(Les termes en allemand peuvent être traduits comme suit : Glasmaler/peintre sur verre ; Goldschmid/orfèvre ; Glasmacher/verrier ; Hafner/potier ; Glaser/vitrier ; Schneider/tailleur ; Notar/notaire).

Les Laubscher ont été naturalisés à Bienne en 1483. Dans la famille Laubscher, on relève deux générations de potiers.

Jakob Samuel Laubscher (1676-1733)

Il a fait son apprentissage dans les années 1690 chez le maître Hans Heinrich Hess à Berne (Boschetti-Maradi 2006, 180). En 1702, nous le trouvons à Büren an der Aare ou à Bienne. Le 9 avril 1704, la tuilerie de Bienne brûle par sa faute. Pour cela, il est banni de la ville pendant deux ans. Il se rendit à Vevey (alors sous la tutelle de LL EE – leurs excellences de Berne), aujourd’hui dans le canton de Vaud, où il épousa Judith Calandre, francisation du patronyme Calander, et y baptisa le 12 octobre 1707 sa fille Anna Maria, qui devait plus tard épouser le potier Wilhelm Emanuel Dittlinger de Berne. En 1710, une autre fille, Anna-Jeanne-Madelaine, y est née, puis, en 1711/1712 probablement, également son premier fils et futur potier, Samuel Laubscher (1711/1712 – ?), avant que le couple ne retourne à Bienne au plus tard en 1712. Les autres enfants sont nés dans cette ville. Pour des raisons inconnues, l’épouse de Jakob Sa,muel Laubscher a été expulsée de la ville de Bienne en 1712. Dans les années qui suivent, on trouve des traces de nombreux conflits de voisinage. En 1726, à l’occasion d’un emprunt auprès de la « Guilde de la forêt », il est fait mention de la maison du potier située dans la Klostergasse/ruelle du Couvent à Bienne (documents d’archives (en allemand) concernant Jakob Samuel Laubscher).

Samuel Laubscher (1711/1712 – ?)

Samuel Laubscher est probablement né à Vevey, mais vécu dès sa tendre enfance avec ses parents à Bienne. A l’occasion d’une dispute avec le compagnon potier Michel Blanck, nous apprenons qu’il se trouve en 1730 employé comme compagnon au service de la veuve Fruting à Berne (il s’agit probablement d’Elisabeth Reinli,  décédée en 1743, veuve de Jakob Fruting, 1672-1728, voir arbre généalogique des potiers Fruting de Berne). En 1733, année du décès de son père, Samuel se trouve à Bienne où, avec sa mère, il met en gage la maison de ses parents pour obtenir un crédit de la corporation de 20 couronnes. Il épouse, probablement en 1740, Maria Elisabeth Dittlinger, la sœur du potier bernois Wilhelm Emanuel Dittlinger (1718-1799, sur sa personne cf. Boschetti-Maradi 2006, 180). En 1740, les maîtres potiers bernois Fruting et Herrmann, représentants des potiers bernois, lui reprochent d’avoir aidé indûment son beau-frère Dittlinger à réaliser un chef-d’œuvre , mentionné dans l’acte d’accusation sous le terme allemand peu courant de « Gupfenofen », c’est-à-dire un poêle en faïence couronné d’une tour. Les accusations n’ont cependant pas été étayées et la procédure contre Dittlinger a été abandonnée. Début 1741, il contracta un nouveau crédit de 20 couronnes en mettant en gage la maison de la Klostergasse/Ruelle du Couvent, qui lui était revenue après 1733 lors de la succession de son père. En raison d’une dispute conjugale, son épouse Maria Elisabeth Dittlinger vécut quelque temps à Berne en 1742, où est également né son premier fils, Wilhelm Samuel. Ce dernier s’est noyé dans la rivière Suze en 1751 à l’âge de 9 ans. Lors de la naissance de leur fille Maria Margreth en 1744 à Bienne, le parrain était le potier bernois Johann Rudolf Fruting. La fille est morte à 10 ans en 1754 à la Klostergasse/Ruelle du Couvent. Pour les années 1741-1744, Samuel resta redevable des intérêts hypothécaires sur sa maison et, début 1746, une procédure de faillite fut ouverte à son encontre. Le cordonnier biennois David Schöni acheta pour son fils, le potier Ludwig Schöni, le four et son appentis (en allemand« Brennhütte») situé devant la « Porte de Nidau » à Bienne, sur la route nationale, pour 30 couronnes. Il vendit finalement cette « Brennhütte avec tous les accessoires » à son fils en 1773. En 1758, un autre fils, Emanuel Daniel, est né à Berne. Il ne vécut cependant que deux ans. La date et le lieu de décès de Samuel et de son épouse ne sont actuellement pas connus. (Documents d’archives en allemand concernant Samuel Laubscher).

Il semble qu’aucun poêle en faïence, ni aucune céramique utilitaire de Jakob Samuel Laubscher ou de Samuel Laubscher n’aient été conservés.

Traduction Pierre-Yves Tribolet

Bibliographie:

Boschetti-Maradi 2006
Adriano Boschetti-Maradi, Gefässkeramik und Hafnerei in der Frühen Neuzeit im Kanton Bern (Schriften des Bernischen Historischen Museums 8), Bern 2006.

Bourquin/Bourquin 1999
Werner Bourquin/Marcus Bourquin, Biel, Stadtgeschichtliches Lexikon, von der Römerzeit bis Ende der 1930er Jahre, Büro Cortesi (Hrsg.), Biel 1999.

Schwab 1921
Fernand Schwab, Beitrag zur Geschichte der bernischen Geschirrindustrie (Schweizer Industrie- und Handelsstudien 7), Weinfelden/Konstanz 1921.