Brühl‘sches Allerlei – service commandé par le comte de Brühl à la manufacture de porcelaine de Meissen, 1743-1747

Le comte Heinrich von Brühl (1700-1763) était l’une des figures les plus puissantes et les plus influentes de la Principauté de Saxe et du Royaume de Pologne sous le règne d’Auguste le Fort et de son successeur Frédéric Auguste II. Le roi lui faisait entièrement confiance. C’est allé si loin que, sous le règne d’Auguste II, Brühl fut littéralement submergé par le nombre de ses fonctions publiques. Après la mort d’Auguste le Fort en 1733, sous le règne de son successeur nettement plus faible, Brühl réussit à encore renforcer sa position et devint Premier ministre en 1746. Parmi les nombreuses fonctions qu’il a occupées au cours de sa carrière, on lui a attribué la direction de la manufacture de porcelaine de Meissen.

Le comte von Brühl s’est également distingué en tant que collectionneur d’art. Dans son palais de Dresde et dans les pavillons de son jardin, Brühl installe une bibliothèque et une galerie de tableaux. Brühl fut un représentant typique de l’absolutisme ; il a toujours pris soin de faire étalage de son pouvoir à travers un style de vie extrêmement somptueux. La porcelaine de Meissen a joué un rôle déterminant dans la splendeur de ses différents châteaux. Parmi les nombreuses commandes qu’il a confiées à Meissen, deux grands services ont fait sensation dans l’histoire de la porcelaine européenne : le premier, le célèbre service au cygne de 1737-1742, et le second, le « Brühl’sche Allerlei » (« Toutes sortes de Brühl »), nommé ainsi en fonction du somptueux décor en relief sur toutes ses pièces. Ce service, qui a finalement compté plus de 2000 pièces, occupa la manufacture de 1742 à 1747 (Lessmann 2000). Les formes sont principalement l’œuvre de Johann Friedrich Eberlein (1695-1749), deuxième modeleur aux côtés de Johann Joachim Kändler. Son collaborateur était Johann Gottlieb Ehder (1716 / 17-1750). Le décor peint combine des « fleurs allemandes », ainsi que des fruits et des légumes d’après de multiples gravures, parmi lesquelles les quatre volumes Phytanthoza Iconographia de Wilhelm Weinmann, parus entre 1737 et 1745 à Ratisbonne. Les gravures de Weinmann furent principalement utilisées pour les fruits et les légumes. Comme tous les grands ensembles de ce genre, le service a été conçu à l’origine pour le repas et les desserts. Les pièces pour le service des desserts portaient généralement la marque « C » de la « Hof-Conditorey » (voir HMO 8766), l’un des quatre départements de la cour de Saxe à Dresde qui possédait et administrait la porcelaine utilisée pour les repas.

On ne trouve aujourd’hui que relativement peu de pièces de ce service, pour la plupart isolées dans quelques collections publiques (Cassidy-Geiger 2008, 462-465, deux assiettes et une terrine). La plus grande collection est l’Ermitage de Saint-Pétersbourg avec 38 pièces. D’autres parties du service sont en possession privée américaine ou ont été vendues aux enchères publiques, telles qu’en 1977 à Londres chez Sotheby’s et en 2012 à New York chez Christie’s. Quatre assiettes se trouvent maintenant au musée historique d’Olten (HMO 8565, HMO 8566, HMO 8765 et HMO 8766). Elles y sont arrivées en 1959 avec le leg de Maria Christen-Faesch (Felchlin 1961, 12). Une cinquième assiette est conservée au château de Nyon (MHPN MH-PO-4382).

Traduction Pierre-Yves Tribolet

 

Allemand : Brühl‘sches Allerlei – Meissen-Porzellanmanufaktur, 1743-1747

Anglais: ‘Brühl’sches Allerlei’

 

Bibliographie

Blaettler/Schnyder 2014
Roland Blaettler/Rudolf Schnyder, CERAMICA CH II: Solothurn (Nationales Inventar der Keramik in den öffentlichen Sammlungen der Schweiz, 1500-1950), Sulgen 2014, 282.

Bodinek 2019
Claudia Bodinek, Ein Meissener Porzellanservice für den Grafen – Das Brühl’sche Allerlei. Keramos 235/236, 2017 (parution en 2019), 4–134.

Cassidy-Geiger 2008
Maureen Cassidy-Geiger, The Arnold Collection of Meissen Porcelain 1710-1750. New York/London 2008.

Felchlin 1961
Maria Felchlin, Die Bedeutung der Porzellansammlung Maria Christen-Faesch im Historischen Museum Olten (Sonderdruck aus Heimat und Volk, Beilage zum Oltner Tagblatt), Olten 1961.