Céramiques de Kilchberg-Schooren, manufacture Nägeli dans CERAMICA CH
Roland Blaettler, Andreas Heege 2019
Matthias Neeracher achète l’ancienne manufacture de faïences et de porcelaines de Schooren en 1792, puis se consacre ensuite exclusivement à la production de faïences fines et de faïences. En 1802, Hans Jakob Nägeli hérite de la manufacture par sa femme, veuve de Matthias Neeracher, Il la transmet à son fils Johann Jakob Nägeli en 1830. Il est probable que la production de faïences fines ait été interrompue dès 1804. En 1849, Johann Jakob Nägeli ferme l’usine, qui n’est plus rentable. Entre 1849 et 1858 s’ensuit une période de transition sous Louise Nägeli. Elle finit par vendre la manufacture à Johann Jakob Staub, qui la dirigea jusqu’à sa mort en 1897. En 1907, ses héritiers ferment définitivement l’usine. En 1919, les bâtiments de l’entreprise sont alors transformés en une maison de campagne qui sera détruite sans autorisation en 2002 (Matter 2012, 14-17).
Faïences de Kilchberg et Rüschlikon
L’importante production des quatre manufactures du lac de Zurich pose encore de nombreux problèmes, notamment en ce qui concerne la distinction entre leurs formes fondamentales, sans sophistication et presque identiques. Les formes plus complexes des soupières, en revanche, présentent des particularités formelles qui permettent de les attribuer aux différentes manufactures. Ainsi, Rudolf Schnyder a réussi de manière convaincante à définir les formes typiques des deux plus importantes usines, celles de Nägeli (HMO 8689 ; AF n° 28) et celle de Scheller (AF n° 25 ; AF n° 73 ; HMO 8149) (Schnyder 1990).
Nägeli:
Scheller:
Si cette première distinction sur la forme, fondée sur des critères formels, permet également de comparer les décors entre les produits des deux entreprises concurrentes, elle ne permet cependant pas d’attribuer ces décors à l’une ou à l’autre de façon définitive. La question du décor reste problématique car on sait que certains peintres ont travaillé dans une des manufactures puis dans l’autre. Schnyder a également signalé des formes de couvercles de soupières qui pourraient être considérées comme des modèles provenant de la manufacture Fehr ou de la manufacture Abegg à Rüschlikon ; cependant, leurs produits sont plus rares et les attributions sont encore largement hypothétiques (KMM 225 ; MBS 1944.93 ; HMO 8141 ; SFM 113 ; SFM 111 ; SFM 112 ; AF n° 74).
Pour ces faïences de Kilchberg et de Rüschlikon, nous avons renoncé dans CERAMICA CH à des comparaisons et à des études approfondies sur chaque objet. Nous avons procédé à une répartition plus précise uniquement dans les cas qui semblent clairs, mais nous prenons également note des suggestions faites par Rudolf Schnyder concernant les produits de Rüschlikon. Le terme « Kilchberg » désigne ainsi les pièces produites par Nägeli à Schooren ou Scheller à Böndler avant son déménagement à Schooren en 1835. Par ailleurs, « Kilchberg-Schooren » désigne des objets fabriqués par Nägeli ou Scheller après 1835, et il est fort possible que parmi les faïences attribuées ici à « Kilchberg » et « Kilchberg-Schooren », il y ait aussi des spécimens qui, lorsque nous serons plus informés, pourraient s’avérer un jour être des produits de Rüschlikon.
Traduction Pierre-Yves Tribolet
Bibliographie :
Blaettler/Schnyder 2014
Roland Blaettler/Rudolf Schnyder, CERAMICA CH II: Solothurn (Nationales Inventar der Keramik in den öffentlichen Sammlungen der Schweiz (1500–1950), Sulgen 2014, 42–43
Matter 2012
Annamaria Matter, Die archäologische Untersuchung in der ehemaligen Porzellanmanufaktur Kilchberg-Schooren. Keramikproduktion am linken Zürichseeufer 1763–1906 (Monographien der Kantonsarchäologie Zürich 43), Zürich 2012.
Schnyder 1990
Rudolf Schnyder, Schweizer Biedermeier-Fayencen, Schooren und Matzendorf. Sammlung Gubi Leemann, Bern 1990.