Thoune, Fondation du château de Thoune (SST)

Stiftung Schloss Thun
Schlossberg 1
CH-3600 Thun
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Céramiques du Musée du château de Thoune dans CERAMICA CH

Andreas Heege 2019

Le château actuel avec ses dépendances était à l’origine une place fortifiée. Au 13ème siècle, on y trouvait déjà le siège majestueux et imposant du seigneur, avec sa résidence, entouré de murailles. On connaît cette situation sur la base de recherches archéologiques qui ont eu lieu en 2013 à l’occasion d’une rénovation importante du Château (Baeriswyl 2016 ; Baeriswyl 2019 ; Baeriswyl/Kellenberg 2015 ; Raselli-Nydegger 2015). Après que les ducs de Zähringen eurent repris la forteresse, d’une manière qui, probablement, ne fut pas amicale, l’imposant donjon, qui est encore intact aujourd’hui, a été construit dans la place fortifiée sous Berchtold V de Zähringen (vers 1160 – 1218). Cependant, les Zähringen n’avaient pas l’intention de s’établir dans la place, car ils avaient construit leur résidence principale à Berthoud. Le but de cet imposant donjon à Thoune, étaient d’envoyer un signal de leur puissance et de leur domination sur toute la région et, en particulier, sur les axes de transports commerciaux qui la parcourait. La conception même du donjon ne convenait pas pour une résidence. Malgré sa hauteur de 14 mètres, le donjon n’avait qu’une seule pièce, que l’on nomme aujourd’hui la salle des chevaliers. En son temps, c’était une salle d’apparat imposante. Elle reste par ailleurs, de nos jours, une des salles d’apparat les mieux conservées du Haut Moyen Âge. Depuis le 13ème siècle, le château de Thoune et ses dépendances ont été le siège de la noblesse de la ville et ont été transformés à plusieurs reprises pour y accommoder les diverses fonctions qui leur ont été attribuées au cours du temps. Bien qu’il n’y ait pratiquement aucune preuve de travaux de construction entrepris par les comtes de Kyburg qui ont succédé aux Zähringen, on sait que de nombreuses modifications ont été effectuées pendant le long règne de la domination bernoise, et ce jusqu’en 2006. Parmi les dernières modifications importantes figurent celles pour y accommoder le tribunal régional. Par ailleurs, au moins depuis le 17ème siècle, il y avait une prison sous le toit du donjon, mais en 1886, le canton a construit une nouvelle prison régionale, accolées aux murailles du château. Il a alors été décidé de retirer également la structure en bois qui faisait office de grenier à grains dans la salle des chevaliers du donjon, libérant ainsi de l’espace pour un nouveau musée qui allait ouvrir ses portes le 1er janvier 1887. À partir de ce moment, des activités de collecte intensives ont été lancées pour constituer un fonds muséal. Pour ce faire, les anciennes collections de la ville et de l’arsenal de Thoune y ont également été inclues (y compris une partie du butin de Bourgogne – une tapisserie bourguignonne et deux antependiums – rapportés par les Thounois présents dans les rangs bernois lors de la célèbre bataille de Grandson contre Charles le Téméraire qui se déroula en 1476, et retrouvés par hasard dans un placard de l’Hôtel de ville de Thoune en 1883). Le musée a été ouvert dans le donjon le 1er janvier 1888 sans festivité particulière (sur l’histoire du musée : Keller 1938 ; Küffer 1987 ; Kelterborn 2012). Le 3 janvier 1888, le Journal de Thoune et de l’Oberland bernois commentait cette inauguration et dressait un portrait du musée nouvellement créé.

Journal de Thoune et de l’Oberland bernois du 25 décembre 1887. On y lit : « Invitation – L’Association des habitants de Thoune a maintenant équipé ce qu’il est convenu d’appeler la salle des chevaliers du château de Thoune d’objets de valeur historique et artistique, qui ont été placés de manière agréable, et invite le public à visiter cette collection historique nouvellement fondée. Dans le même temps, une demande courtoise a récemment été exprimée pour que l’on s’intéresse aux réalisations patriotiques en exposant des objets qui y font référence, qu’il s’agisse de meubles anciens et d’objets domestiques, d’armes, de produits céramiques ainsi que de verres à boire, de bouteilles et de vitraux taillés et gravés. Inscription auprès du Conseil d’administration de L’Association des habitants de Thoune ».

Déjà le 25 décembre 1887, c’est-à-dire avant l’inauguration du musée, le Journal de Thoune et de l’Oberland bernois appelait le public à s’intéresser aux réalisations patriotiques en exposant des objets qui y font référence, qu’il s’agisse de meubles anciens et d’objets domestiques, d’armes, de produits céramiques ainsi que de verres à boire, de bouteilles et de vitraux taillés et gravés, etc. Comme on peut le lire ci-dessus, dès le début, la céramique a été l’un des principaux centres d’intérêt de la collection du Musée du château de Thoune.

D’importantes parties de la collection de céramiques ont été présentées dans les années 1930, mises en scène dans des intérieurs, qu’on appelle, en allemand, des « Stuben », tels que la salle des majoliques ou la « Stube » du Simmental, vallée du canton de Berne.

Entre 1961 et 2013, une nouvelle exposition permanente sur la céramique bernoise et la majolique de Thoune a été présentée dans les sous-sols du donjon.

En 1988, à l’occasion de son 100ème anniversaire, le Musée du château a organisé une exposition spéciale intitulée « Du plat à rösti à la céramique de salon ». À cette occasion, le livre de Hermann Buchs sur la majolique de Thoune (Buchs 1988), qui est encore fondamental aujourd’hui, a été publié.

En 1994, l’Association du Musée du château de Thoune, le canton de Berne et la municipalité de Thoune ont créé la Fondation du Musée du château de Thoune. En septembre 2013, la fondation a changé son nom en « Stiftung Schloss Thun – das Museumsschloss – Fondation du château de Thoune – le Musée du château ».

Après 800 ans en mains publiques, un changement fondamental concernant la forteresse a eu lieu en 2010. À l’exception de l’imposant donjon, la ville de Thoune a vendu les propriétés de l’ancien domaine seigneurial assorti d’un droit de construction. Ainsi, à la mi-2014, un centre de conférence et de formation a ouvert ses portes dans la périphérie des murailles, ainsi qu’un hôtel et un restaurant. Le Musée a été doté d’une nouvelle entrée et d’une salle d’exposition supplémentaire. Jusqu’au 130e anniversaire du musée, c’est-à-dire, jusqu’en 2018, une nouvelle exposition permanente a été conçue (texte : site web du Musée du château de Thoune).

Neben dem Bernischen Historischen Museum und dem Rittersaalverein Burgdorf ist das Schlossmuseum Thun das dritte, besonders wichtige bernische Regionalmuseum, wenn es um die Geschichte der Keramik des Kantons Bern und der Deutschschweiz geht. Seit der Museumsgründung gehört das Sammeln von Keramik und die Erforschung der Keramikherstellung in der Region zu den Schwerpunkten der Museumsarbeit (Buchs 1961, 1970, 1980, 1988, 1995).

Table dans le goût de l’historicisme avec son plateau en majolique de Thoune, probablement vers 1883/1884 (Photos Hans Kelterborn, SMT).

Majolique de Thoune ; sous l’écu portant la lettre B, on lit « Thoune – Souvenir – 1880 » ; plat de la manufacture Wanzenried (1878-1911), peint et signé par Louis Sabin, 1880. Les informations sur la vie et la production de Louis Sabin restent encore inconnues aujourd’hui (Photo Hans Kelterborn, SMT).

Grâce à des achats et à des dons, le Musée du château abrite aujourd’hui l’une des plus grandes collections de céramiques du canton et certainement la plus importante collection de « majoliques de Thoune » au monde (Buchs 1988).

Assiette de Langnau de la collection du Musée du château. Atelier de Daniel Herrmann (1736-1798), Langnau, datée de 1781, représentant le serment du Grütli. On y lit la devise suivante : « Da die Demut weint und Hochmut lacht, allda ward der Schweizer Bund gemacht, und 3 Orth den Anfang gemacht – Ici l’humilité pleure et la fierté rit, ici la Confédération suisse a été faite, et le début des 3 communautés ».

A ce jour, dans la collection du Musée, seules les céramiques produites à Langnau ou à Bäriswil, tous deux dans le canton de Berne, ont été examinées scientifiquement et documentées de manière exhaustive pour CERAMICA CH (Heege/Kistler/Thut 200 ; Heege/Kistler 2017). La collection comprend également des céramiques très importantes du potier Abraham Marti de Blankenbourg (Heege 2010).

Emblème de l’assurance maladie des potiers de Heimberg (Photo Hans Kelterborn, SMT)

Parmi la collection du Musée du château, de nombreux objets, outils et documents significatifs et singuliers de la région de la poterie de Heimberg-Steffisbourg attendent encore d’être documentés

Guillaume Tell et son fils Walter, poterie de Karl Loder-Eyer, Steffisbourg (photo Hans Kelterborn, SMT).

Mentionnons encore, à titre d’exemple, le groupe de figurines « Guillaume Tell et son fils Walter » de la poterie Karl Loder-Eyer de Steffisbourg. La saisie des données pour le reste des céramiques de la collection du Musée du château de Thoune est prévue dans le cadre de la réalisation de l’inventaire du canton de Berne, qui devrait débuter à partir de 2022.

Traduction Pierre-Yves Tribolet

Bibliographie :

Armand Baeriswyl 2016
Das Schloss Thun und der grosse Turm – vom zähringischen «Donjon» zum bernischen Kornhaus. Zum Stand der Erkenntnisse nach zwanzig Jahren Forschung.
Mittelalter. Zeitschrift des Schweizerischen Burgenvereins Heft 1, 2016.

Armand Baeriswyl 2019
Der zähringische grosse Turm im Schloss Thun (CH) – Ein Saalbau in Turmform? In: Guido von Büren und Michael Goer (Hrsg., im Auftrag der Wartburg-Gesellschaft),
Burgen, Schlösser, Häuser. Festschrift für G. Ulrich Grossmann zum 65. Geburtstag. Petersberg 2019, 12-19.

Armand Baeriswyl – Heinz Kellenberger 2015
Thun, Schloss, Der zähringische «Donjon» der Zeit um 1200.
Archäologie Bern 2015, Jahrbuch des ADB 2015, 102-104.

Buchs 1961
Hermann Buchs, Über die Anfänge der Töpferei in Heimberg und deren Eigenständigkeit, in: Jahresbericht Historisches Museum Schloß Thun, 1961, 5-12.

Buchs 1970
Hermann Buchs, Ein Heimberger Tröckneofen, in: Historisches Museum Schloss Thun, 1970, 4-17.

Buchs 1980
Hermann Buchs, Die Thuner Majolika des Johannes Wanzenried und des Zeichners Friedrich Ernst Frank, in: Jahresbericht Historisches Museum Schloss Thun, 1980, 5-43.

Buchs 1988
Hermann Buchs, Vom Heimberger Geschirr zur Thuner Majolika, Thun 1988.

Buchs 1995
Hermann Buchs, Das Hafnergewerbe im Heimberg, in: Einwohnergemeinde Heimberg (Hrsg.), 850 Jahre Heimberg 1146-1996, Heimberg 1995, 50-60.

Heege 2010
Andreas Heege, Ein Tintengeschirr aus der Produktion von Abraham Marti, Blankenburg, in: Schlossmuseum Thun 2009, 2010, 74-77.

Heege/Kistler/Thut 2011
Andreas Heege/Andreas Kistler/Walter Thut, Keramik aus Bäriswil. Zur Geschichte einer bedeutenden Landhafnerei im Kanton Bern (Schriften des Bernischen Historischen Museums 10), Bern 2011.

Heege/Kistler 2017
Andreas Heege/Andreas Kistler, Keramik aus Langnau. Zur Geschichte der bedeutendsten Landhafnerei im Kanton Bern (Schriften des Bernischen Historischen Museums 13), Bern 2017.

Keller 1938
Hans Gustav Keller, Das historische Museum Schloss Thun 1887-1937, Thun 1938.

Kelterborn 2012
Hans Kelterborn, 1888–2013: 125 Jahre Schlossmuseum Thun, in: Historisches Museum Schloss Thun Jahresbericht, 2012, 29-35.

Küffer 1987
Peter Küffer, Historisches Museum Schloss Thun 1888-1988, in: Historisches Museum Schloss Thun Jahresbericht, 1987, 19-99.

Raselli-Nydegger 2015
Lilian Raselli-Nydegger, Der Schlossberg Thun – 5000 Jahre Geschichte, in: Jahresbericht Schloss Thun – Schlossmuseum, 2015, 30-37.