Pot à lait, basaltware, black basalt, Staffordshire, décor guilloché au tour (engine-turned decoration).
L’utilisation d’une machine (en anglais engine-turning lathe), c’est-à-dire d’un tour à usiner ou d’un tour à guillocher, pour produire des motifs répétitifs obtenus en cisaillant superficiellement l’argile sur une surface lisse (technique de décor en négatif), est une invention anglaise. On trouve déjà des références sur une telle machine située à Chelsea, le long de la Tamise dans la banlieue de Londres, dans les années 1758-1759 (Blondel 2001, 204 ; analyse critique Rickard/Carpentier 2004). Josiah Wedgwood a utilisé un tour à usiner perfectionné (rose and crown lathe) pour la décoration de ses céramiques. Il l’a amélioré avec l’ingénieur mécanicien John Taylor de Birmingham, au centre de l’Angleterre, à partir de 1763 sur la base d’un livre publié en France en 1701 déjà. C’est probablement à partir de 1767 qu’il a intégré cette technique dans sa production de Burslem, Brick House, Bell works, Staffordshire, au centre de l’Angleterre, pour décorer certaines surfaces de ses faïences fines (Rickard/Carpentier 2004). La céramique à consistance de cuir, immobilisée dans le tour, tourne lentement autour de son propre axe, qui peut être déplacé en avant et en arrière ou à gauche et à droite à l’aide de deux disques à came (à rosette ou à couronne). Des burins ou des gouges spécialement conçus pour le guillochage, placé au contact de la surface de la céramique, vont ensuite découper les motifs dans sa surface. Par ailleurs, le même tour à guillocher peut également être utilisé pour peindre des surfaces ou tourner des formes de manière très précise. Les poteries décorées au tour à guillocher sont extrêmement diverses et sont particulièrement caractéristiques de la production anglaise de la seconde moitié des 18ème et 19ème siècles (Rickard 2006).
Il convient de noter qu’une telle machine peut également être utilisée pour concevoir, ornementer, façonner et décorer des moules (patrice, positif), avec lesquels on peut ensuite produire les moules de travail (matrices) en plâtre. Les céramiques produites à l’aide de ces moules de travail, en les remplissant de boue d’argile, présentent un motif décoratif très similaire à celles qui ont été guillochées au tour, ce qui rend souvent difficile la distinction entre un décor guilloché à la machine et un décor coulé.
En anglais: engine-turned decoration
En allemand: Drehbankdekor
Bibliographie:
Blondel 2001
Nicole Blondel, Céramique: vocabulaire technique, Paris 2001, 204.
Carpentier/Rickard 2001
Donald Carpentier/Jonathan Rickard, Slip Decoration in the Age of Industrialization, in: Ceramics in America, 2001, 115-134.
Rickard/Carpentier 2004
Jonathan Rickard/Donald Carpentier, The Little Engine That Could: Adaption of the Engine-Turning Lathe in the Pottery Industry, in: Ceramics in America, 2004, 78-99.
Rickard 2006
Jonathan Rickard, Mocha and Related Dipped Wares, 1770-1939, Hanover 2006.