Heimberg-Steffisbourg, canton de Berne, Schmalz, Cäsar Adolf (1887–1966) et Hans (1910-1972)

C.A. Schmalz, autoportrait de 1949 et première photo connue.

Céramiques de Cäsar Adolf Schmalz dans CERAMICA CH

Roland Blaettler und Andreas Heege 2022

Cäsar Adolf Schmalz (1887, Stalden-Konolfingen – 1966, Heimberg) naît au sein d’une famille qui comptera pas moins de quatorze enfants. Son père était géomètre au registre foncier, sa mère était postière. Il suit l’école secondaire à Grosshöchstetten, à 3 km de son lieu de naissance. Il poursuit ensuite ses études par une formation de trois ans de dessinateur à l’Ecole cantonale des arts et métiers de Berne, sous la houlette de Paul Wyss. Il passe son examen final sous la direction de Rudolf Münger, un designer, décorateur et peintre bernois.  Paul Wyss a déclenché en lui, comme il l’écrit lui-même, « le feu sacré » pour l’art et les poteries de Heimberg (Marti/Straubhaar 2017, 9). Comme il dessinait beaucoup pendant ses loisirs et fabriquait des sculptures en argile, on l’encouragea à demander une bourse au canton de Berne, qu’il a obtenu. En 1908, il se rend en Espagne, où il étudia au Prado et modela des figurines d’animaux et de toréadors pour une manufacture de porcelaine. Après un nouveau séjour d’un an à Paris, il rentre au pays en 1910, où il épouse Liseli Engel (originaire de Bowil, également du district de Konolfingen -1965) le 28 juin 1910 à Steffisbourg, près d’Heimberg  (Tagblatt der Stadt Thun – Journal de la ville de Thoune, volume 34, numéro 160, 9 juillet 1910). Il a probablement travaillé à Steffisbourg jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre mondiale et même après. Dans ses notes autobiographiques de 1952, nous lisons : « A Steffisbourg, j’ai peint des petites tasses et des assiettes, modelé des cruches, des bols et des figurines. J’ai reçu pour cela un prix d’encouragement et quelques prix lors de concours ». Malheureusement, Schmalz reste ici très imprécis. Dans ses autres documents, il n’y a pas non plus de référence à l’atelier de poterie qui l’employait. Nous ne pouvons que supposer, sur la base de trois figures signées que l’on retrouve également plus tard dans son œuvre, qu’il a travaillé pour Charles Loder-Eyer à Steffisbourg.

Une description du « bazar », un stand présentant les produits de l’Association pour la protection du patrimoine, de l’exposition nationale de Berne en 1914, parue dans la NZZ (Nouvelle gazette zurichoise) du 21 juin 1914 fait expressément référence à des « groupes amusants de paysans dansant » (figurines en céramique ?) de l’atelier Loder-Eyer, dont nous ne connaissons plus aucune pièce aujourd’hui.

Cependant, deux figurines signées du monogramme de Charles Loder-Eyer (CHL ligaturés), qui ont été conservées en mains privées, fournissent un lien avec le magasin d’articles ménagers « Kaiser & Cie » à Berne (inscription Kaiser sur la figurine du haut), qui était également un fournisseur du « Bazar » de l’Association pour la protection du patrimoine, et qui avait participé avec de nombreux objets à un « concours pour souvenirs de voyage » (Heimatschutz – Patrimoine 8, 1913, cahier 6, 95 ; Sur les lauréats : Heimatschutz – Patrimoine 8, 1913, cahier 11, 122-123) précédant l’exposition nationale, cité plus haut. Or, dans la liste des prix de ce concours de 1913, ce n’est étonnamment pas Karl Loder-Eyer qui est l’auteur des figurines, mais le céramiste Cäsar Adolf Schmalz de Heimberg (sous la mention : « 12 figurines de paysans, dansant et jouant de la musique »). Une monographie de l’œuvre de Schmalz répertorie également les deux figurines (Marti/Straubhaar 2017, 127).

Le photographe bernois Hermann Stauder nous a transmis d’autres travaux de jeunesse, datant de 1917, notamment des assiettes armoriées, des vases et des coupes décorées de personnages ou de groupes de personnages historiques ou satiriques, ainsi que des figurines (voir aussi l’image en titre).

Figurines de Cäsar Adolf Schmalz datant de 1917 (Stauder 1917).

Figurines de Cäsar Adolf Schmalz datant de 1917 (Stauder 1917).

De 1914 à 1918, Schmalz a été mobilisé en tant que soldat. Cela ne l’a pas empêché de dessiner partout où il se trouvait. En 1921, Schmalz acheta à Heimberg un petit domaine, appelé le « Rebeli », au bord de l’Aar, où il installa un atelier et poursuivit sa formation de céramiste, apparemment en autodidacte, parallèlement à son activité de petit paysan. En 1931, il a été engagé comme enseignant par l’École suisse de céramique de Chavannes-Renens, poste qu’il n’occupera que deux ans. Apparemment, il n’était pas très heureux en Suisse romande, car il n’avait pas assez de temps pour ses propres travaux. La Seconde Guerre mondiale a de nouveau fortement limité son activité artistique. Le service militaire et l’agriculture constituaient alors ses principales occupations. Plus tard, il donna également des cours de modelage à l’université populaire. Par ailleurs, il était un pêcheur passionné et un ami des « yodleurs » de l’Emmental.

Des commandes privées et publiques ont permis à Schmalz de développer son œuvre dans plusieurs directions : sculpture, réalisation de figurines et décoration murale en céramique, peinture et travaux de mosaïque (Messerli 2017, 73-79 ; Marti/Straubhaar 2017,9).

  

Le musée régional de Langnau conserve quatre figurines de Schmalz, dont deux représentations de l’avoyer (Schultheiss) Niklaus Friedrich von Steiger lors de la bataille de Grauholz, une d’ « Elsi, l’étrange servante », titre d’un récit historique de Jeremias Gotthelf, pseudonyme (tiré de son premier roman Le Miroir du paysan ou la vie de Jérémias Gotthelf) de l’écrivain bernois Albert Bitzius (Marti/Straubhaar 2017, 221 sur l’histoire de la servante) et une représentant l’éminent « docteur des Alpes » Micheal Schüppach (voir aussi HMO 8342, BHzD 482, ainsi que Marti/Straubhaar 2017, 109-111).

Michael Schüppach, le « médecin des Alpes »

Schmalz exposa plusieurs sculptures céramiques figurant des sujets de genre tirés de la vie rurale dans le cadre de la 1ère Exposition nationale d’art appliqué organisée par L’Œuvre dans la halle du Comptoir suisse à Lausanne en 1922 (cat. p. 47, No 210-213). L’année suivante, le public vaudois eut l’occasion de revoir des céramiques de Schmalz, dans le cadre de la seconde Exposition des beaux-arts organisée par la Société de développement de Montreux dans les salons du Kursaal, du 25 mars au 8 avril; l’événement était consacré en l’occurrence aux scènes artistiques alémanique et tessinoise (Feuille d’avis de Vevey du 21 mars 1923, 6 – Tribune de Lausanne du 4 avril, 3). C’est peut-être à l’occasion de cette exposition que la Confédération fit l’acquisition d’une statuette qui sera déposée au Musée d’art industriel de Lausanne (MHL AA.MI.1644).

En 1931, Cäsar Adolf Schmalz accepta un poste d’enseignant à l’École suisse de céramique de Chavannes-Renens. Le directeur de l’établissement le mentionne dans son discours de promotions en 1931 (Feuille d’avis de Lausanne du 4 avril 1931, 24). Comme le céramiste le relève lui-même, «La place est bien rétribuée et, pour une fois, les soucis d’argent s’estompent» (Marti et Straubhaar 2017, 13). Mais la fonction était trop prenante et ne lui laissait plus guère de temps pour ses propres créations: l’expérience sera donc relativement limitée dans le temps. Les renseignements fournis par Schmalz lui-même quant à la durée de son engagement à Chavannes sont contradictoires: une fois il parle de «deux ans», ailleurs il est question de «trois ans» (Marti et Straubhaar 2017, 10 et 13). Le fait que son nom apparaît à la rubrique de l’école dans l’Indicateur vaudois pour la seule année 1932 (avec le prénom de Fritz !), laisse supposer qu’il fut engagé dans le courant de 1931 et qu’il démissionna au plus tard pour la fin de l’année 1932.

La Seconde Guerre mondiale a de nouveau fortement limité son activité artistique. Le service militaire et l’agriculture constituaient alors ses principales occupations. Plus tard, il donna également des cours de modelage à l’université populaire. Par ailleurs, il était un pêcheur passionné et un ami des « yodleurs » de l’Emmental.

La créativité, souvent enjouée, de Cäsar Adolf Schmalz s’exprimera dans des registres aussi variés que la peinture, l’aquarelle, l’illustration, la mosaïque, la fresque et, bien sûr, la céramique. Dans ce dernier médium, il privilégia la technique traditionnelle de Heimberg, la terre cuite engobée et glaçurée. Dans un style tantôt historiciste tantôt moderniste, mais toujours haut en couleurs, il confectionna de nombreuses œuvres de commande, des objets commémoratifs et des prix pour les sociétés de tir ou de chant, des objets ornés d’armoiries familiales pour les particuliers (Messerli 2017, 73-79 ; Marti/Straubhaar 2017,9). Ses figurines à l’effigie de personnalités éminentes de l’histoire bernoise seront très populaires et donneront lieu à des tirages multiples, grâce à sa maîtrise du moulage (HMO 8342).

Un objet inédit trouvé dans les collections du Musée historique d’Olten (SO) prouve que Schmalz fournit au moins un modèle à la Manufacture de porcelaine de Langenthal, vers 1920 (HMO 7179).

Parallèlement à cette production colorée et joyeuse, Schmalz cultiva avec le temps une manière plus académique et moderniste de sculpter la céramique, avec des figurines monochromes au caractère plus courant (Amstutz 1931, ill. p. 53-54 et 57 ; F. A. 1966 – Nécrologie dans le journal Der BundLa Confédération).

Le site Internet donne un large aperçu visuel du travail de l’artiste dans les différentes disciplines qu’il a pratiquées.

Hans Schmaltz (1910-1972)

Sources

La presse vaudoise, consultée sur le site Scriptorium de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne.

Bibliographie :

Amstutz 1931
Ulrich Amstutz, Der Plastiker Adolf Schmalz in Heimberg bei Thun, in: Historischer Kalender oder der Hinkende Bot 204, Bern 1931.

Blaettler/Schnyder 2014
Roland Blaettler/Rudolf Schnyder, CERAMICA CH II: Solothurn (Nationales Inventar der Keramik in den öffentlichen Sammlungen der Schweiz, 1500-1950), Sulgen 2014, 368.

FA 1966
FA, † Cäsar Adolf Schmalz. Der Bund, Abendausgabe 468, 30.11.1966, 4.

Marti/Straubhaar 2017
Erich Marti/Beat Straubhaar, C.A. Schmalz 1887-1966. Leben und Werk mit Pinsel, Stift und Lehm, Heimberg 2017.

Messerli 2017
Christoph Messerli, 100 Jahre Berner Keramik von der Thuner Majolika bis zum künstlerischen Werk von Margrit Linck-Daepp (1987-1983). Hochschulschrift (Datenträger CD-ROM), Bern 2017.

Stauder 1917
Hermann Stauder, Die Töpferei im Heimberg (Nachdruck des Kunst- und Kulturverein Heimberg, 1985, Original Schweizerische Landesbibliothek Bern), Bern 1917.