Ortsmuseum Schmitten
Im alten Schulhaus
7493 Schmitten (Albula)
E-mail : info@vfvs-schmitten.ch
Tél. : Pius Gruber: 081 404 16 21 oder 078 774 90 51
Andreas Heege, 2021
Céramiques du Musée villageois de Schmitten dans CERAMICA CH
Le musée villageois de Schmitten, dans district de l’Albula du canton des Grisons, fait revivre les usages de la population locale sur une période allant du 18ème au début du 20ème siècle. Au cours d’une promenade dans l’exposition, les visiteurs apprennent comment l’existence était autrefois vécue, tant par les jeunes que par les personnes âgées, dans un village de montagne ordinaire du canton des Grisons, situés dans la moyenne vallée de l’Albula. Des aperçus du travail à la ferme, de divers métiers, de l’exploitation minière, des coutumes et des traditions ecclésiastiques – tout cela donne une image à multiples facettes d’une époque révolue. Le musée est géré par l’association des Amis de Schmitten. Le musée est installé dans l’ancienne école de Schmitten. Une collecte a été organisée à partir de 1968, et, après des débuts modestes, l’école a été largement rénovée entre 1986 et 1988 et les trois étages ont été transformés en musée. La majeure partie de la collection a été rassemblée par Martin Caspar et Mathias Balzer. Tous les objets du musée proviennent de Schmitten ou de ses environs immédiats.
La collection céramique est constituée de 65 objets des 19ème et 20ème siècles, répartis en 26 pièces de terre cuite, 19 de faïence fine, 5 de grès et 15 de porcelaine.
La vaisselle à glaçure au manganèse, qui s’est progressivement démodée au cours du premier quart du 20ème siècle, est représentée par trois cafetières et un pot à lait.
Parmi les terres cuites décorées, on ne trouve que quelques pièces, datant d’environ 1900, dont un couvercle de soupière provenant probablement de la production de Berneck, canton de Saint-Gall, et une assiette à rösti de la région du lac Léman avec sa typique glaçure jaune clair.
Caractéristiques de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, la vaisselle brune ci-dessus, ces « céramiques en terre cuite glaçurée à la manière de Bunzlau » (nom allemand d’une ville de Basse-Silésie, actuellement en Pologne et dont l’actuel appellation en polonais est Bolesławiec), ont été importées en grandes quantités de l’Empire allemand d’alors.
Pour le reste, on trouve surtout des terres cuites plus récentes, qui, en raison de leurs formes et de leurs décors, appartiennent probablement déjà au 20ème siècle. Il s’agit notamment de grandes et massives assiettes à soupe à bord recourbés et des tasses.
Des Manufactures de céramiques d’Aedermannsdorf, canton de Soleure, respectivement d’Embrach dans le canton de Zurich (en haut), proviennent ce grand bol à pâte ci-dessus et cette écrémoire à lait brevetée (en haut), tous deux probablement produits au cours d’une période comprise entre 1930 et 1950 environ.
Cette vaisselle est typique de la période comprise entre 1920/1930 et 1950 environ. Ces terres cuites sont recouvertes d’un engobe de fond d’une couleur allant du beige au crème, recouvert d’un décor au pochoir ou d’un décor au pinceau représentant des formes régulières, sous une glaçure incolore de haute qualité. La plupart sont des pots à lait sans marque, donc de provenance formellement inconnue. Cependant, les produits avec une marque de la poterie Landert d’Embrach dans le canton de Zurich, radiée du registre du commerce en 2015, ou ceux de la poterie Otto Dünner SA à Kradolf-Schönenberg, dans le canton de Thurgovie ne s’en écartent que légèrement.
Dans le cas de la faïence fine, comme d’habitude dans les musées des Grisons, on trouve dans la collection de ce musée une grande diversité de vaisselle, tant au niveau des formes représentées que des fabricants. De manière inattendue, la collection comporte une saucière marquée de la Manufacture Robillard & Cie à Nyon, vers 1818-1832/33.
De la manufacture Uechtritz & Faist à Schramberg dans le Wurtemberg allemand, provient un petit récipient conçu pour présenter sur la table le poivre et le sel, qui a probablement été fabriqué entre 1830 et 1860 et qui est décrit dans la liste des objets de la collection comme un « Salz- und Pfefferbüchse, gerippt, mit hohem Fuss – récipient à sel et à poivre, nervuré, sur piédouche » (Heege 2013, 111).
Un certain nombre d’objets en faïence fine proviennent de la Fabrique de céramiques Ziegler à Schaffhouse et ont ainsi été fabriqués à la fin du 19ème siècle ou au 20ème siècle. Le « décor paysan » est très similaire aux décors un peu plus anciens de Kilchberg-Schooren, canton de Zurich ou de Zell am Harmersbach, dans le Land du Bade-Wurtemberg allemand.
Il y a également d’autres produits de Schaffhouse qui sont représentés dans la collection du musée.
Et pour le 20ème siècle, il faut toujours compter avec la faïence fine de la Fabrique Niederweiler S.A. (1906–1956) à Möhlin, près de Rheinfelden dans canton d‘Argovie ou celles de Villeroy&Boch à Wallerfangen (Vaudrevange) et Mettlach, dans le Land de la Sarre en Allemagne,
L’apparition d’une faïence fine norvégienne produite par la Faiencefabriks Co. A.S. (1847-1947) d’Egersunds, tout au sud de la Norvège, à quelques 500 km à l’ouest d’Oslo, est inattendue et, en fait, pas tout à fait explicable. Stavanger, à 75 km au nord d’Egersunds, représentée dans le musée local de Schmitten ! S’agit-il d’un souvenir de vacances ou, dans l’autre sens, d’une « poterie d’une maison de vacances » laissée par un hôte norvégien dans sa résidence secondaire et remise ensuite au musée ?
Dans le domaine des objets religieux, il faut mentionner un bénitier, malheureusement non marqué, mais que l’on pourrait facilement attribuer à la production de Schramberg (voir KMDis 2020-03 ; Staffhorst 2020, 207-208).
L’univers du grès est dominé par les céramiques pour la conservation des aliments, telles que ces pots à double poignée peints en bleu cobalt (pots à saindoux, pots pour la production maison), qui proviennent probablement du Westerwald allemand ou de l’Alsace française.
Les objets en porcelaine du 19ème siècle et avant sont largement absents. Malheureusement, ces cafetières datant d’environ 1900 ne portent pas de marques de fabrique, comme c’est d’ailleurs le cas dans d’autres musées des Grisons. Elles témoignent cependant de la forte influence des manufactures de porcelaine allemandes de Silésie.
Les objets en porcelaine provenant de la Manufacture de porcelaine de Langenthal dans le canton de Berne ou de la Manufacture Alfred Hache et Cie de Vierzon dans le département du Cher en région Centre-Val de Loire, en France n’ont été produits qu’à partir des années 1930.
Deux figurines en porcelaine représentant le christ en croix doivent encore être mentionnées à titre de curiosité.
Remerciements
Nous tenons à remercier les responsables du musée, en particulier M. Pius Gruber, pour l’aimable soutien apporté à ce travail d’inventaire.
Traduction Pierre-Yves Tribolet
Bibliographie :
Heege 2013
Andreas Heege, Ein unbekanntes Musterbuch der ersten königlich württembergischen Steingutmanufaktur Schramberg (Uechtritz&Faist) aus der Zeit nach 1855 in: Harald Siebenmorgen, Blick nach Westen. Keramik in Baden und im Elsass. 45. Internationales Symposium Keramikforschung Badisches Landesmuseum Karlsruhe 24.8.-28.8.2012, Karlsruhe 2013, 107-115.
Staffhorst 2020
Andreas Staffhorst, Schramberger Steingut 1820-1882 (Schriftenreihe des Stadtarchivs und Stadtmuseums Schramberg 30), Schramberg 2020.