Heimberg-Steffisbourg, canton de Berne, Loder-Walder, Bendicht, poterie

Céramique conçue par Nora Gross et exécutée par Bendicht Loder-Walder, 1905/1906 (Musée Ariana, Genève).

Andreas Heege, Andreas Kistler und Jonathan Frey, 2023

Céramiques de Bendicht Loder-Walder dans CERAMICA CH

Céramiques de Bendicht Loder-Walder pour Nora Gross dans CERAMICA CH

La famille Loder, originaire de Grossaffoltern dans le canton de Berne, a joué un rôle important dans l’histoire de la poterie du canton de Berne,  plus particulièrement à Heimberg et à Steffisbourg, dès la fin du 19ème siècle et jusqu’au début du 20ème siècle. Parmi ses principaux représentants figurent Karl Loder-Eyer (1871-1915), Bendicht Loder-Walder (1855-1909) et Emil Loder (1890-1971), ainsi que son fils Franz Loder (1932-2001) et son épouse Margret Loder-Rettenmund (1932- ). Cette famille a travaillé sur deux sites de poterie à Steffisbourg (Bernstrasse – Rue de Berne 206, Alte Bernstrasse – Ancienne Rue de Berne 167) et un site à Heimberg (Bernstrasse – Rue de Berne 310).

L’histoire de la poterie de Bendicht Loder-Walder (1855-1909) et de ses enfants est présentée ci-dessous, dans la mesure où elle a pu être connue par les quelques documents d’archives et témoignages qui nous sont parvenus (arbre généalogique).

Le père de Bendicht Loder, qui s’appelait également Bendicht Loder (1808-1874 ; registre de batême [par la suite toujours abrévié RB] de Grossaffoltern, district d’Aarberg, canton de berne, 1, 209) était secrétaire communal à Steffisbourg et a été enseignant dans les villages suivants du canton de Berne Niederwichtrach et Wichtrach (district de Konolfingen), Langnau (district de Signau), Affoltern (district de Trachselwald), Hofwil (district de Fraubrunnen), Röthenbach (district de Signau), et Jaberg (district de Seftigen). Ce Bendicht Loder (1808-1874) se remarie pour la deuxième fois avec Anna Barbara Aeschlimann de Langnau (1825 – après 1878). De cette union naissent 12 enfants (voir l’arbre généalogique – « Hafner » = potier, « Ausmacherin » = finisseuse/peintre).  Sur leurs six fils, deux ont exercé la profession de potier : « notre » Bendicht Loder (1855-1909 ; RB Grossaffoltern 1, 213) et Johann Loder (1844-1894 ; RB Grossaffoltern 2, 107). « Notre » Bendicht Loder est l’oncle de Karl Loder-Eyer (1871-1915), l’un des plus importants potier de Steffisbourg des années 1900.

Nous ne savons pas où Bendicht Loder (1855-1909) a été formé (vraisemblablement chez son frère aîné Johann ; 1844-1894 ?) et s’il a effectué un tour de compagnonnage. Bendicht a épousé, au plus tard à fin 1881 ou au début de 1882, Anna Elisabeth Walder (1860-1911) de la famille du potier Jakob Walder-Kaufmann, habitant Heimberg, Bernstrasse, parcelle 241. Anna Elisabeth Walder était l’enfant illégitime d’Anna Walder (1826-1913), qui n’était pas mariée et qui avait hérité de sa propriété (une demi-maison et la place de ferme environnante) avec son frère sourd-muet Johannes (1836-1901) au décès de leur père, le potier Jakob Walder (1803-1874). Il est malheureusement problématique qu’aucun des contrats de transfert de propriété concernant le terrain de la Bernstrasse, parcelle 241, ne mentionne un atelier de poterie.  Il n’est donc pas possible de savoir si le potier Jakob Walder-Kaufmann a seulement habité sur ce terrain ou s’il y avait aussi son propre atelier. Si ce n’était pas le cas, il aurait pu être locataire quelque part à Heimberg, par exemple dans l’un des deux ateliers potiers qui appartenaient à la poterie située juste au nord de sa maison, à la Bernstrasse 310. On peut imaginer que les frères et sœurs Johannes Walder et Anna Walder aient poursuivi ensemble la poterie de leur père après 1874 et que Bendicht Loder ait également travaillé dans cet atelier au plus tard lors de leur mariage en 1881 ou 1882 , mais ceci reste une assertion non prouvée par les documents d’archives en notre possession. Lors du règlement des procédures d’achat et de vente qui ont suivi en 1888, Bendicht Loder a en tout cas été inscrit sous la dénomination « potier à Heimberg ». Entre 1881 et 1900, le couple Loder-Walder a eu 14 enfants, dont quatre sont devenus potiers et quatre autres ont fait de la menuiserie (arbre généalogique).

En 1888, Bendicht Loder a acheté la moitié de la part de la maison de sa belle-mère, respectivement de son épouse (Registre foncier de Steffisbourg, par la suite toujours appelé [RFSteff], 51, 734-736) et l’a vendue immédiatement après, probablement pour se procurer des liquidités qu’il a pu utiliser pour l’achat en 1888 de la plus grande parcelle de la poterie, celle avec deux ateliers potiers, située à la Bernstrasse 310 à Heimberg, (RFSteff 51, 717-719). Dans ce bâtiment construit en 1805 (Frey 2022), se trouvait déjà, avant 1815 , l’atelier du potier Peter Gerber, qui avait émigré aux Etats-Unis dans les années 1840. En 1833, le bâtiment a été agrandi vers l’ouest (Frey 2022) et un deuxième atelier de poterie y a probablement été installé. Il y est mentionné en 1846 en tant que « nouvel atelier de poterie » (RFSteff 21, 381-385). Avant Bendicht Loder, le potier Christian Haueter y avait travaillé entre 1858 et 1880 (arbre généalogique de la famille Haueter). De 1880 à 1888, les deux ateliers ont probablement été loués par la veuve de Christian Haueter, Elisabeth Haueter-Flückiger, et son second mari, Andreas Spahr. Lors de la vente, la propriété comprenait une maison d’habitation avec deux ateliers de poterie et une grange, « construite en maçonnerie, en briques et en bois & recouverte de tuiles ». Outre l’emplacement du bâtiment, elle comprenait également des prés et des terres agricoles d’une superficie de 9379 mètres carrés. Le montant de l’assurance incendie s’élevait à 10 300 francs et l’estimation de l’impôt foncier à 12 330 francs. Le prix de vente a été fixé à 13 500 francs. Bendicht Loder a payé 2587 francs en espèces, il restait donc une dette importante de 10 913 francs, portant intérêt à 4% et devant être remboursée dans les cinq ans. La succession qui aura lieu en  1916 (voir ci-dessous) montre toutefois que cette année-là, 8 930 Fr. de dettes grevaient encore le bien immobilier (RFThoune Bel I 3401).

Guillaume Tell et son fils Walter ; sculptures sur la façade de la poterie de Bendicht Loder-Walder à Steffisbourg, canton de Berne.

Selon les déclarations du vendeur en 1960 (cf. Annuaire du château de Thoune 1960, 23), cette figurine de Guillaume Tell a été réalisée « en 1864 par le potier K. Bercher, un immigré du canton d’Argovie ». Elle aurait été placée, accompagnée du fils de Guillaume Tell, le petit Walter,  en tant qu’ « enseigne artisanale » « sur le pignon situé au-dessous du toit en demi-coupe de l’ancienne poterie » qui se trouvait alors à la Bernstrasse (Rue de Berne) 310 à Steffisbourg. Si cette localisation a pu être confirmée par d’autres témoignages, il n’en va pas de même pour la datation et l’attribution à Karl Bercher, le prétendu compagnon potier immigré du canton d’Argovie. En effet, Karl Bercher est né à Heimberg, canton de Berne, et y a vécu de 1879 à 1943. Il était le fils du potier Gottlieb Bercher (1837-1904), originaire de Reckinge, canton d’Argovie, qui a d’abord travaillé comme compagnon chez Johann Fahrni et Niklaus Frei à Heimberg de 1859 à 1866, avant de s’y installer définitivement. De 1880 à 1897, il a été propriétaire d’une nouvelle poterie qu’il a construite à la Dornhaldestr. (Rue du Talus épineux) 33, toujours à Heimberg. Karl Bercher a, comme son père, travaillé comme potier, mais nous ne savons pas dans quelle poterie. Si la figurine est vraiment de Karl Bercher, elle devrait dater des années 1900, mais si elle est de son père Gottlieb, il est plus probable qu’elle soit datée des années 1860-1880. Le problème de la datation et du réel fabricant de ces statuettes ne semble pas pouvoir pour l’heure être résolu au vu des éléments actuellement en notre possession.

Für Hafner. Ein Scheibenarbeiter findet sofort beschtätigung bei Loder-Walder, Hafnermeister, Heimberg (Bern) – Pour les potiers. Un tourneur peut être engagé immédiatement chez Loder-Walder, maître potier, Heimberg (Berne).

Après l’achat, l’entreprise avait apparemment assez de travail, car en mai 1891, Bendicht Loder-Walder cherchait dans le journal « Der Grütlianer – Le Grütli » un « Scheibenarbeiter », c’est-à-dire un tourneur. Pour des raisons inconnues, son entreprise ne fut à aucun moment mentionnée dans la Feuille officielle suisse du commerce (FOSC).

1ère exposition cantonale bernoise de l’industrie, du commerce et de l’agriculture, Thoune 1899, stand de l’Association industrielle de Heimberg.

1899 Bendicht Loder-Walder participe à l’exposition collective de l’Association industrielle de Heimberg à l’Exposition cantonale bernoise de l’industrie, du commerce et de l’agriculture à Thoune. La photo du stand, imprimée dans le guide de l’exposition, prouve qu’il travaillait manifestement, comme tous les autres potiers mentionnés, Fritz Frank-Mäder, Christian Frank-Jenny, Friedrich Hänni-Kratzer, Charles Loder-Eyer, Jakob Reusser, Jakob Schenk, Gottfried Tschanz, Ernst Wittmeier et Eugen Rorschach (tous de Berne), dans le style de la « majolique de Thoune », qui était alors toujours en vogue auprès du public bernois et des touristes.

 

Rapport dans le journal « Täglichen Anzeiger für Thun und das Berner Oberland – Quotidien de Thoune et de de l’Oberland (Haut-Pays) bernois » du 11 août 1899. Le journal « Der Bund – La Confédération », volume 50, numéro 221, 10 août 1899 édition 02, a également rendu compte des divers prix décernés lors de cette Exposition.

L’Association industrielle de Heimberg a reçu une médaille d’argent. Rien n’indique cependant que Bendicht Loder-Walder signait ou marquait ses produits à cette époque. Il est probable que les potiers mentionnés aient également été les principaux fournisseurs du Musée Céramique de Thoune, une entreprise dont le propriétaire d’alors, Ludwig Hahn, a également participé à l’exposition en 1899 et a été récompensé par une médaille d’or.

L’exposition a fait l’objet d’un commentaire très élogieux dans le journal « Täglichen Anzeiger für Thun und das Berner Oberland – Quotidien de Thoune et de de l’Oberland (Haut-Pays) bernois »  du 19 août 1899.

Geschäftsblatt für den obern Teil des Kantons Bern –  Feuille d’avis pour la partie supérieure du canton de Berne du 20 décembre 1902 ; Edition 03.

1902 Bendicht Loder-Walder participe à l’exposition de Noël du Musée des Arts décoratifs de Berne et reçoit à cette occasion les félicitations de son directeur, Oskar Blom.

Geschäftsblatt für den obern Teil des Kantons Bern –  Feuille d’avis pour la partie supérieure du canton de Berne du 8 avril 1903 ; Edition 02.

1902/1903 Bendicht Loder-Walter participe, également avec succès, aux côtés de Charles Loder-Eyer, au IIème concours du Musée cantonal des arts et métiers pour des travaux en terre cuite (majolique) en décembre 1902. Certes, la manufacture Wanzenried remportait toujours les premiers prix dans certaines catégories, mais Carles Loder-Eyer se situait apparemment à un niveau comparable avec sa production. Bendicht Loder-Walter reçut un troisième prix et le Musée Céramique, sous la direction de Ludwig Hahn, une mention honorable (Geschäftsblatt für den obern Teil des Kantons Bern –  Feuille d’avis pour la partie supérieure du canton de Berne 50, n° 28, 1.4.1903). Le 11 avril 1903, le Tägliche Anzeiger für Thun und das Berner Oberland – Quotidien de Thoune et de de l’Oberland (Haut-Pays) bernois (volume 27, numéro 86) a également félicité les lauréats.

1903 Paul Wyss, enseignant à l’Ecole des arts et métiers de Berne, travaille comme dessinateur pour Bendicht Loder-Walder (Messerli-Bolliger 1991, 76, n. 467).

Geschäftsblatt für den obern Teil des Kantons Bern – Feuille d’avis pour la partie supérieure du canton de Berne du 26 mars 1904.

1904 Nous apprenons que Karl Bendicht Loder (1884-1909) et sa sœur Anna Elise (1886-1908) ont été formés comme apprentis dans l’atelier de leur père, Bendicht Loder-Walder, et qu’ils ont réussi l’examen officiel d’apprentissage.

Karl Bendicht Loder (1884-1909) ; photo retrouvée dans le fonds de l’entreprise de la Luzerner Keramik – Céramique artistique, Lucerne S.A, actuellement déposé aux Archives du Canton de Lucerne.

C’est apparemment sur Karl Bendicht Loder (1884-1909) que reposaient tous les espoirs d’avenir de son père. Le 2 novembre 1904, Karl Bendicht demande au Conseil d’Etat du canton de Berne une bourse de formation pour l’Ecole des arts et métiers de Berne, pour pallier au manque de disponibilité d’apprentissage local, car c’étaient surtout les possibilités de perfectionnement en dessin et en modelage qui faisaient défaut à Heimberg. Le conseil municipal de Heimberg soutient alors sa demande. Paul Wyss rédige le 3 décembre 1904 une expertise dans laquelle il rapporte :  « A l’occasion de mes visites régulières dans cet atelier potier de Heimberg, j’ai fait plus ample connaissance avec l’auteur de la présente demande. Je suis convaincu que Karl (Bendicht) Loder est un jeune homme extrêmement appliqué et solide, à la tête claire et doté d’un sens pratique. Ses essais de modelage montrent en tout cas une bonne capacité de compréhension et + une bonne inventivité + il est donc assez probable que Loder sera une bonne recrue ».

Le 30 décembre 1904, sa demande fut acceptée par le Département de l’Intérieur du Conseil d’Etat du Canton de Berne (document du 5.7.1905) et il reçut 300 Fr. pour suivre les cours de l’Ecole bernoise des arts et métiers en 1905. Il commença à suivre les cours en mars 1905. Cette bourse fut prolongée d’une année supplémentaire le 24 janvier 1906, jusqu’en 1907. Cependant, sa santé était si précaire durant l’hiver 1906/1907 qu’il ne put suivre l’école et dut se rendre en cure à la Clinique de Heiligenschwendi (à l’époque : « Volksheilstätte für unbemittelte Tuberkulosekranke – Sanatorium populaire pour les tuberculeux indigents », où se trouve actuellement le « Centre pour la réhabilitation et la médecine du sport ») (correspondance dans le fonds de l’entreprise de la Luzerner Keramik – Céramique artistique, Lucerne S.A, actuellement déposé aux Archives du Canton de Lucerne).

La maladie dont souffrait Karl Bendicht était si grave qu’il décède en janvier 1909, c’est-à-dire avant son père.

1904 C’est probablement cette année-là, ou en 1903 déjà, qu’a commencé la collaboration fructueuse entre Bendicht Loder-Walder et la designer en céramique Nora Gross de Lausanne, qui avait auparavant travaillé avec la poterie de la Veuve Knecht et fils à Colovrex (GE) sans y être satisfaite. C’est cette collaboration avec une designer céramique exceptionnelle et moderne qui a permis à Loder-Walder de se distinguer parmi les potiers de Heimberg-Steffisbourg pendant une courte période d’environ 5 ans.

Dans un article paru dans la NZZ (Neue Zürcher Zeitung – Nouvelle gazette zurichoise) du 20 novembre 1906, un rédacteur inconnu relate un voyage qu’il a effectué à Heimberg en août 1904 et décrit sa recherche pour trouver ce potier et cet atelier qui fabriquait de la « céramique moderne ». Après avoir d’abord visité deux ateliers qui fabriquaient pour l’un de la Majolique de Thoune avec des motifs d’edelweiss et pour l’autre des peintures à la barbotine plus modernes, comme celles que l’on peut « acheter à un stand sous les arches du quai de la Limmat » (référence direct à la poterie de d’Albert Wächter-Reusser), il arriva finalement à l’atelier Loder-Walder. « Un magnifique chariot de poteries juste sorties du four venait d’être déchargé devant cette maison et occupait toutes les mains disponibles. Nous ne fûmes donc pas très bien accueillis ; ce n’est que lorsque l’homme s’aperçut progressivement que nous nous intéressions à ses affaires qu’il devint loquace et descendit peu à peu des étagères, l’un après l’autre, les jolis échantillons de Mademoiselle Gross et nous parla de ses commandes d’Interlaken et de ses envois à Berlin. Nous avons si bien discuté que nous sommes presque arrivés en retard au train, lourdement chargés de céramiques de Heimberg. Tout cela nous est revenu fraîchement en mémoire lorsque nous avons vu ces céramiques exposées [en décembre 1906] dans le magasin d’art Weil de la Bahnhofstrasse – Rue de la Gare ; principale artère marchande de la ville [à Zurich]. Nous espérons qu’elles trouveront un bon débouché ici, car il s’agit d’une véritable fabrication suisse et d’un art domestique sain ».

Rapport sur l’exposition au Musée des arts et métiers à Berne dans la « Geschäftsblatt für den obern Teil des Kantons Bern – Feuille d’avis pour la partie supérieure du canton de Berne – 52, n° 36, du 6.5.1905.

Bendicht Loder-Walder, Heimberg, d’après un dessin de Nora Gross, 1905 (MHL n° 14).

D’autres mentions, toutes plus euphoriques les unes que les autres, des nouvelles créations céramiques de Nora Gross remontent au mois de mai 1905, lorsqu’elles furent présentées avec grand succès dans une exposition du Musée cantonal des arts et métiers à Berne (Le Nouvelliste vaudois du 3 mai 1905, 2 – La Gazette de Lausanne du 13 mai 1905, 3 et 5). Notons au passage que le récit du Nouvelliste fournit une explication à la rupture entre Gross et l’entreprise Knecht : « Mademoiselle Gross avait d’abord cherché parmi les potiers de Ferney [l’erreur de lieu s’explique par le fait que la poterie Knecht exploitait un second atelier à Ferney-Voltaire] l’artisan capable de réaliser ses créations, mais les préjugés qu’elle rencontra eurent l’heureux effet de lui faire chercher dans toute la Suisse le collaborateur dont elle avait besoin. Elle l’a trouvé à Heimberg ».

     

Céramiques de Bendicht Loder-Walder et Nora Gross dans la collection du Musée Historique de Lausanne.

La grande majorité des céramiques produites par Loder-Walder pour Nora Gross portent une marque gravée « BL (ou BLW) – Nora Gross » et un numéro également gravé correspondant à la forme (au moule). Cinq pièces se trouvent dans la collection du Musée historique de Lausanne (MHL n° 14 ; MHL n° 17 ; MHL n° 18 ; MHL n° 25 ; MHL n° 26). Trois céramiques sont conservées à l’École d’arts appliqués de Bienne et Berne.

Les collections du Musée national suisse à Zurich abritent trois vases de Nora Gross et Bendicht Loder-Walder (SNM LM-70629, SNM LM-70630, SNM LM-149623).

Le Musée Ariana conserve 15 exemplaires de de Nora Gross et Bendicht Loder-Walder, acquis en 1905 et 1906 auprès de l’ancien Musée des arts décoratifs de Genève (voir Ball 1988 cat. n° 2, 5, 7, 8, 10, 11, 14-16, 18-20, 23-26).

Parmi ceux-ci se trouvent ces deux assiettes peintes très décoratives (ci-dessus).

Cinq exemples supplémentaires se trouvent également dans la collection du Gymnasium Lerbermatt à Köniz, dans l’agglomération bernoise. Malheureusement, nous n’avons aucune idée de la date à laquelle ces pièces ont rejoint les collections de l’institution précédente, le Staatliches Seminar Bern – Séminaire d’État de Berne au lieu-dit de Lerbermatt. Nous constatons que les signatures diffèrent de celles du groupe précédent, mais nous ne pouvons pas en indiquer la raison.

   

 

 

Collection du gymnase Lerbermatt à Köniz.

Avec Bendicht Loder, Nora Gross a développé une ligne de produits nettement plus raffinée, surtout en ce qui concerne la couleur. Les décors engobés sont recouverts de glaçures colorées qui présentent une belle richesse de couleurs.

Ces céramiques produites par Loder-Walder portent une marque gravée « BL (ou BLW) – Nora Gross » et un numéro de forme (de moule) gravé ou estampé. Collection privée.

Le Musée des Arts décoratifs de Zurich conserve un autre vase de cette époque (ZHdK-KGS-08457).

Le Musée historique de Lausanne et l’Ecole d’arts appliqués de Berne possèdent un pot à lait inhabituel avec ce « décor à la groseille ».

A l’automne 1905, une grande exposition-vente est organisée tant au Grand Bazar de Neuchâtel qu’à la « Maison d’Art » de Genève (journal « La Suisse Libérale » 42, n° 267, 14 novembre 1905 et 42, n° 296, 17 décembre 1905).

1905 A l’occasion de l’exposition de Noël du Musée des Arts décoratifs de Berne, la participation de Bendicht Loder-Walder à la grande « pyramide de majolique de Thoune » est mentionnée (Täglicher Anzeiger für Thun – Le quotidien de Thoune, 29, n° 287, 3 décembre 1905 et n° 300, 19 décembre 1905). Pour cette réalisation, il a collaboré avec Charles Loder-Eyer et également avec Gottfried Beutter de Thoune, qui avait repris l’entreprise « Musée Céramique » peu de temps auparavant.

En juin 1906, la « 2ème exposition des femmes peintres de la Suisse romande » eut lieu à La Grenette à Lausanne. Nora Gross y participe également en présentant ses « jolis vases » (journal « La Suisse Libérale » 43, n° 132, 10 juin 1906). En juillet 1906, ses céramiques sont exposées à Fribourg dans la vitrine de Georges Clément à la Grand-Rue. Elles sont admirées et décrites en détail (dans le journal « La Liberté », 36, n° 156, 11 juillet 1906).

En 1906, nous trouvons sous la plume de l’archiviste de la ville de Thoune, Karl Huber (Huber 1906), un hommage impressionnant rendus aux réalisations de Loder-Walder :

« J’aimerais encore vous faire connaître un potier d’art. Il s’agit de Bendicht Loder-Walder dont l’atelier se trouve près de la gare de Steffisbourg. Son travail a eu des conséquences néfastes sur la santé cet homme humble, mais combien peu il montre sa souffrance lorsqu’il parle de son art bien-aimé et nous accompagne dans sa recherche de beaux produits et la poursuite de ses nouvelles expériences. Ce professionnel, cet homme du métier, a la chance d’être assisté par des artistes raffinés comme le professeur Huttenlocher de Berne et Mlle Gross de Lausanne. D’après leurs dessins originaux et ceux de sa talentueuse fille Anna, il crée de magnifiques récipients de toutes formes, comme on les produits à Thoune et des assiettes murales, qu’il recouvre d’une glaçure brillante qui lui est propre et dont la composition reste encore son secret. Ce sont les couleurs gris, brun et bleu qui prédominent. Grâce au glaçures particulières de Loder, les dessins apparaissent si doux et si oniriques que l’effet est saisissant. Les décors réalisés d’après les dessins de Gross mettent en scène des poissons, des pommes de pins, des fruits sur des branches, des oiseaux, des fleurs, comme, par exemple, des chardons et des roses, etc. Un autre procédé, appelé « décor aux coulures glaçurées », permet d’obtenir des effets de couleurs fantastiques qui promettent un bel avenir. Sur de la belle vaisselle utilitaire, nous avons vu des joueurs de cor des Alpes et d’autres personnages de la vie alpine dessinés au pinceau par aplats de fines couleurs en utilisant les techniques les plus récentes. D’après ce que nous savons, les produits Loder-Walder sont vendus de préférence dans le magasin de Mlle Gross à Lausanne. Les tentatives de Benedikt Loder s’étendent également à la fabrication d’une vaisselle plus solide. En utilisant des glaçures colorées et en supprimant l’application de couleurs entre l’argile et la glaçure, il a réussi à obtenir un produit beau et solide, qui supporte toute comparaison avec la vaisselle de Schaffhouse, connue pour sa solidité » (Huber 1906, 295-296).

En novembre 1906, une partie de leur production a également été exposée au magasin d’art Weil de la Bahnhofstrasse – Rue de la Gare – principale artère marchande de Zurich et a été commentée très favorablement par le NZZ (Neue Zürcher Zeitung – Nouvelle gazette zurichoise, archives) du 20 novembre 1906.

Leurs produits ont également été admirés et vendus à Bâle en 1906 (Illustrierte Schweizerische Handwerker-ZeitungJournal illustré des artisans suisses n° 38, 20.12.1906, 613).

Paul Wyss se félicitait de cette réussite en 1906 en écrivant : « Tout le monde sait quels beaux résultats Loder-Walder a finalement obtenus avec ses glaçures. Il n’est pas l’un des plus fortunés et pourtant, conscient qu’il fallait faire quelque chose et que le résultat financier de ses ventes devait à nouveau s’améliorer, il a sacrifié du temps et du matériel, a poursuivi sans relâches de longues tentatives et à présent, nous devons certainement tous lui reconnaître son beau succès. Il peut maintenant prouver que sans essais et sans risques, rien ne peut être obtenu, mais que là où l’on fait des expérimentations avec intelligence et sans préjugés, on peut trouver rapidement et sans sacrifices excessifs de nouvelles solutions qui apportent une meilleure rentabilité ».

Les vases de Nora Gross fabriqués par Loder-Walder correspondent ainsi tout à fait à l’idée que Paul Wyss se faisait du « nouveau style » de la céramique : « Un esprit positif tendant à l’harmonie conduit à rendre homogène tous décors sur la céramique. Un vase doit essentiellement apparaître comme une grande, belle et brillante tache glaçurée qui soutient l’effet que procure un beau bouquet de fleurs, à peu près comme le cadre soutient un tableau accroché mur. Pour y parvenir, cela exige donc un certain calme dans le traitement du décor sur le vase pour obtenir un effet homogène. Il ne faut pas qu’apparaissent une tache rouge vif ici, avec une blanche, une bleue, une verte, etc. à côté, mais le vase doit donner l’impression générale d’être tout à la fois vert, bleu et rouge, etc. En théorie, nous y parvenons en choisissant un ton central dans le cercle chromatique voulu et en n’utilisant pour le décor que les tons voisins les plus proches ; à un écart vers la gauche correspond un écart de même ampleur vers la droite, de sorte que le premier ton choisi reste toujours au centre. En pratique, les couleurs appliquées sont recouvertes d’une glaçure de couleur uniforme mais transparente ; si cette glaçure est par exemple bleue, alors le rouge paraîtra violet à travers elle et le vert bleu-vert ; un voile bleu va ainsi recouvrir le tout, et nous obtenons ainsi cet effet « bleu homogène » souhaité » (Wyss 1906, 20).  Grâce à sa collaboration intensive avec les potiers Bendicht Loder-Walder et plus tard Christian Frank-Jenny (1865-1950), Gross réussit, avec ses créations caractéristiques et personnelles, à apporter à Heimberg l’idée de cette réforme, préexistante sur le plan international, du « style moderne » (Messerli 2009, 68 et Ball-Spiess 1987).

1907 Lors de l’exposition de Noël au Musée cantonal des arts et métiers de Berne, Bendicht Loder-Walder, Heimberg, était représenté aux côtés de Charles Loder-Eyer, de Steffisbourg, avec une collection de majoliques. En outre, les produits de la coopérative de potiers de Steffisbourg y étaient également exposés (collection de majoliques).

Céramiques de Bendicht Loder-Walder et Nora Gross à l’exposition de Noël du Musée des arts et métiers de Berne en 1907 (Rapport annuel 1907 du Musée cantonal des arts et métiers de Berne).

Une planche de photos dans le rapport annuel du directeur Oskar Blom (1908) présente les objets de l’exposition de Noël du Musée des arts et métiers de Berne en 1907. Sur la base des formes et des décors, on peut clairement les attribuer à Nora Gross.

Annonce parue en 1907

Numéro spécial d’hiver de l’Illustrierte Fremdenblatt von Thun und Umgebung – Journal illustré de Thoune et de ses environs pour les étrangers du 21.9.1907 (Provenance : Archives municipales de Thoune, cote 7/2 AN 5.2)

Dans l’édition spéciale d’hiver de l’Illustrierte Fremdenblatt von Thun und Umgebung – Journal illustré de Thoune et de ses environs pour les étrangers du 21.9.1907, on trouve une annonce de Bendicht Loder-Walder, dans laquelle il vante, comme étant sa spécialité, la « majolique moderne », tout en indiquant qu’il fabrique également de la majolique [de Thoune] et de la poterie ordinaires.

Pour des raisons inconnues, on ne connaît que très peu de produits « classiques » ou « usuels » de l’atelier. En voici cependant trois exemples ci-dessous. Il est possible et même vraisemblable que la plupart ne portaient aucune marque se référant à l’atelier de Loder-Walder.

 

Journal « Der Bund- La Confédération », Volume 59, Numéro 148, 27 mars 1908 Édition 02

Céramique d’Adèle Schwander et de Bendicht Loder-Walder dans la collection de la Fondation du château de Thoune.

Bol avec prises latérales dérivées des modèles de Langnau, créé par Adèle Schwander, exécuté par Bendicht Loder-Walder, 1908. Collection privée suisse, photo Christoph Messerli (Messerli 2009, fig. 80).

1908 En mars 1908, le journal « Der BUND – La Confédération » a rendu compte d’une exposition temporaire qui s’est tenue au Musée des Arts décoratifs de Berne, où étaient présentées des céramiques produites conjointement par Adèle Luise Schwander (1880-1949) et Bendicht Loder-Walder. On ignore combien de temps a duré cette collaboration.

Après le décès de Bendicht Loder (21.11.1909), l’immeuble et l’atelier de la Bernstrasse 310 sont passés à sa veuve, puis, lorsque celle-ci est également décédée le 13.7.1911, la propriété est revenue à ses neuf enfants encore en vie à cette date.

Ceux-ci n’ont fait inscrire la succession au registre foncier qu’en 1916 (RFThoune Bel I 3401, RFThoune Bel I 3402). A cette date, Ernst Hans Loder (1882-1958) apparaît sur les documents comme potier à Heimberg. Friedrich Loder (1890- ?) était alors potier à Bienne et ses deux sœurs, Marie Martha Loder (1892-1917) et Marie Frieda Loder (1893-1917), étaient peintres (on les désignait usuellement par le terme de « Ausmacherinnen – finisseuses) à Heimberg. Il en va probablement de même pour Mina Bertha Loder (1894-1919), qui, en 1916, est cependant qualifiée de femme de ménage. Eduard Rudolf Loder (1896-1971) était déjà mentionné en 1916 en tant qu’ « ouvrier de laboratoire ». Les trois autres enfants étaient encore alors mineurs.

Ceux-ci n’ont fait inscrire la succession au registre foncier qu’en 1916 (RFThoune Bel I 3401, RFThoune Bel I 3402). A cette date, Ernst Hans Loder (1882-1958) apparaît sur les documents comme potier à Heimberg. Friedrich Loder (1890- ?) était alors potier à Bienne et ses deux sœurs, Marie Martha Loder (1892-1917) et Marie Frieda Loder (1893-1917), étaient peintres (on les désignait usuellement par le terme de « Ausmacherinnen – finisseuses) à Heimberg. Il en va probablement de même pour Mina Bertha Loder (1894-1919), qui, en 1916, est cependant qualifiée de femme de ménage. Eduard Rudolf Loder (1896-1971) était déjà mentionné en 1916 en tant qu’ « ouvrier de laboratoire ». Les trois autres enfants étaient encore alors mineurs.

Le décès de Bendicht Loder-Walder en novembre 1909 ne signifie pas la fin de la production des formes et des décors conçus par Nora Gross, puisque l’atelier a continué d’exister et que les mêmes peintres sur céramique ont probablement aussi continué à y travailler. Une exposition organisée en 1911 par la Société des peintres et sculpteurs suisses au Kunsthaus de Zurich, pourrait constituer un indice dans ce sens. En effet, les céramiques de Nora Gross exposées ont été alors commentées par Albert Baur, rédacteur en chef de la revue Wissen und LebenConnaissances et Vie (Schweizer Monatsschrift für allgemeine Kultur – Revue mensuelle suisse de culture générale, vol. 8, 1911, 160), comme étant des « œuvres céramiques intéressantes ». La NZZ a également rendu compte de cette exposition en faisant référence à la fabrication par Loder-Walder (9.4.1911, 20.4.1911, 29.4.1911). L’hypothèse d’une production qui a continuer après le décès de Bendicht Loder-Walder est également soutenue par certaines remarques de Paul Wyss (1914, 150). Lors de l’exposition nationale bernoise de 1914, quelques pièces de Loder-Walder ont été présentées dans le Groupe N° 23 : céramique et verrerie, d’après des dessins de Nora Gross. Une remarque dans la liste des exposants prouve que les projets céramiques de Nora Gross étaient toujours réalisés par des créatrices de l’atelier Loder-Walder. Il est intéressant de noter que cette nouvelle collection produite par l’atelier de Loder-Walder était désignée comme des majoliques produites par les «  Frères Loder ; Poterie à Heimberg ; Fabrication de majoliques avec la collaboration artistique de Madame Nora Gross, Lausanne. Fabrication d’après des croquis en exécution rapide ». (cité d’après Messerli 2009, 70). Le rapport technique de l’exposition nationale (volume VI du groupe N° 23, p. 73) apporte un commentaire critique à ce propos : « Les frères Loder de Heimberg, ont apporté des poteries réalisées d’après les dessins de Madame Nora Gross de Lausanne. Nous n’avons constaté que peu de nouveautés, la plupart de ces réalisations nous étant déjà connues par le biais de petites expositions d’arts appliqués organisées par l’artiste ».

Stand de textiles au bazar du Dörfli (« Dörfli » : littéralement « petit village ». Dans la saga de « Heidi » de Johanna Spyri, le hameau (Dörfli) sur l’Alpe de l’ « Oncle » ont fini par incarner le paysage helvétique et ont contribué au mythe d’une Suisse dont les habitants vivent en toute innocence au bon air des Alpes. Le Dörfli désigne ici un endroit de l’Exposition nationale présentant les produits du terroir) lors de l’Exposition nationale de Berne en 1914 (d’après Conradin 1914, 99).

En 1914, les « frères Loder » ont non seulement participé à l’Exposition nationale à Berne, mais ont également été fournisseurs du bazar du « Dörfli ».

1914 Lors de l’exposition nationale de Berne, les « frères Loder » ont reçu une médaille de bronze (Oberländertagblatt – Journal de l’Oberland 38_Nr. 263, 10.11.1914). On ne sait toutefois pas exactement ce qui a été récompensé. Le journal « Der BUND – La Confédération » (volume 65, numéro 477, 9 octobre 1914 édition 02) rapportait :

« Exposition nationale suisse. Céramique et verrerie.  Le visiteur de la section céramique de l’Exposition nationale va ressentir un joyeux ébahissement devant la richesse décorative des formes, des couleurs et des dessins des objets en verre, en porcelaine et en terre cuite exposés dans cette salle. Le sol suisse produit des quantités presque inépuisables d’argile, matière première des céramiques en terre cuite, de sorte que la poterie compte dans notre pays un nombre considérable de représentants dont l’objectif principal est de fabriquer d’excellentes poteries domestiques, d’un usage pratique, en s’appliquant en particulier à réinventer des formes anciennes et à les marquer du sceau de notre époque, qui aspire elle aussi à la plus grande simplicité et vise à une plus grande taille des objets et à une plus grande harmonie entre forme et couleur valorisant l’expressivité de l’ensemble. Toutes les jolies choses rococo, autrefois appréciées, sur les assiettes, les pots, les cruches et les coupes ont cédé la place au grand mouvement sobre et sérieux de la modernité. C’est pourquoi, pour nous, hommes d’aujourd’hui, la vaisselle en majolique, par exemple, recouverte de lourds dessins de fleurs et de rinceaux en relief, ressemble presque à une réminiscence d’un passé devenu étranger et ne nous apparaît presque plus que comme un témoignage hérité d’une époque, certes vénérable et populaire, mais maintenant révolue. La majolique de Thoune reste cependant connue dans le monde entier et son décor coloré lui confère toujours un caractère authentique, populaire et puissant. Les fabriques de majolique de Steffisbourg, Heimberg et Thoune ont exposé des objets très originaux et remarquables. (K. Loder-Eyer, Gebr. Loder, E. Lengacher) ». Les articles de presse de l’année 1914 constituent la seule mention des « frères Loder ».

1916 La collaboration entre Bendicht Loder-Walder et Nora Gross reçoit la plus grande reconnaissance publique à ce jour lorsqu’Elisabeth Gött-Strasser commente leurs œuvres céramiques dans son article publié dans la revue « Die kunstgewerbliche Arbeit der Frau in der Schweiz – Le travail artisanal des femmes en Suisse » (Anner 1916).

1922 Ernst Hans Loder achète à ses frères et sœurs l’ensemble de la propriété sur laquelle se trouve l’immeuble de la Bernstrasse 310 et commence à produire uniquement des poteries domestiques usuelles et des majoliques tardives de Thoune avec un décor du style « Chrutmuster – décor aux hiboux ». Son entreprise n’apparaît plus dans la presse.

1932 La faillite de l’entreprise Loder conduit à vendre de la propriété à Rudolf Amstutz, un ouvrier de la fabrique, qui n’avait aucun besoin des deux fours à poterie.

À gauche : Heimberg, Bernstrasse 310. Le four de potier vertical (70 cm) après son dégagement. Au premier plan, l’enveloppe extérieure du four ; derrière, le fond en creux de la chambre de combustion. A gauche de l’image, la coupole (voûte) avec les restes de la sole ajourée. Les surfaces des parois de la chambre de combustion sont fortement vitrifiées. En arrière-plan, la fosse du four (10 cm). Photo du Service archéologique du canton de Berne, Marco Amstutz.

A droite : Heimberg, Bernstrasse 310. Vue d’ensemble de la zone de fouilles archéologiques avec les deux fours de potiers et le mur nord de la maison construite en 1805. Photo Service archéologique du canton de Berne, photo Beat Straubhaar, correspondant à Heimberg.

En juin 2021, la maison, inoccupée depuis longtemps et en partie délabrée, a été démolie en vue d’un projet de nouvelle construction, après avoir fait l’objet de fouilles sous la supervision du service archéologique du canton de Berne en 2019 déjà (Frey 2022).

Heimberg, Bernstrasse 310. Sélection de trouvailles archéologiques récoltées lors d’une journée de fouilles à ciel ouvert. Photo Beat Straubhaar, correspondant à Heimberg.

Les ruines des deux fours de potiers ont pu être documentés et leurs contenus ont été récupérés. Une analyse des découvertes archéologiques serait cependant très souhaitable.

Remerciements

Nous remercions vivement Maya Hürlimann-Zumbrunn, collaboratrice spécialisée, ville de Thoune, chancellerie municipale/archives municipales, Jonathan Frey, Berne, Andreas Kistler, Bäriswil, Andreas Liesch, Stierva, Margret Loder-Rettenmund, Ebikon, Beat Straubhaar, Heimberg pour leur soutien.

Traduction Pierre-Yves Tribolet

Bibliographie :

Anner 1916
Franziska Anner, Die kunstgewerbliche Arbeit der Frau in der Schweiz, Chur 1916.

Ball-Spiess 1987
Daniela Ball-Spiess, «Wie ist das Kunstgewerbe in der Schweiz zu heben und zu pflegen?» Der Beitrag von Nora Gross (1871–1929) zur ästhetischen Erziehung. Dissertation, Universität Basel, Bern 1987.

Ball 1988
Daniela U. Ball, Nora Gross (1871-1929), in: Genava 36, 1988, 117-135.

Barten 1998
Sigrid Barten, Nora Gross, in: Cerâmica da Suìça do Renascimento aos nossos dias. Ceramics from Switzerland from Renaissance until the Present. Museu Nacional do Azulejo, Lissabon 1998, 141-146.

Frey 2022
Jonathan Frey, Archäologische Forschungen: Töpferöfen in Heimberg, in: Keramik-Freunde der Schweiz, Bulletin 99. 2022, 13-16.

Huber 1906
Karl Huber, Thuner Majolika, in: Illustriertes Fremdenblatt von Thun und Umgebung, 1906, 258-259, 278-279, 294-296.

Messerli 2009
Christoph Messerli, Von der Souvenir- zur Studiokeramik. Die Berner Keramik im 19. und 20. Jahrhundert. Lizentiatsarbeit, Institut für Kunstgeschichte des Universität Bern, Bern 2009.

Messerli Bolliger 1991
Barbara E. Messerli Bolliger, Der dekorative Entwurf in der Schweizer Keramik im 19. Jahrhundert, zwei Beispiele: Das Töpfereigebiet Heimberg-Steffisburg-Thun und die Tonwarenfabrik Ziegler in Schaffhausen, in: Keramik-Freunde der Schweiz, Mitteilungsblatt 106, 1991, 5-100.

Wyss 1906
Paul Wyss, Stand, Probleme und Hebung des Töpfergewerbes, Vortrag von Herrn P. Wyss, Zeichner am Gewerbemuseum Bern (Umschlag: Nach dem Vortrage von Hrn. P. Wyss … in Bern niedergeschrieben von Hermann Röthlisberger, Sek.-Lehrer in Steffisburg, No. 14-19 Oberländer Volksfreund Jhrg. 1 (Hrsg.), Steffisburg 1906.

Wyss 1914
Paul Wyss, Keramische und Glaswaren 23. Gruppe. Katalog B zur Schweizerischen Landesausstellung Bern, Genf/Bern 1914.